Amarante plante toxique : Le danger est dans le pré
Jardin

Amarante plante toxique : Le danger est dans le pré

👨‍🌾 Nico
📅 10 Oct 2025
⏱️ 12 min de lecture

Vous vous promenez dans les champs et tombez sur cette plante aux feuilles vertes striées de rouge ? Vous vous demandez si l’amarante est toxique pour vos animaux qui broutent dans les pâtures ? Vous avez entendu parler d’intoxications chez les ruminants et voulez savoir si c’est vraiment dangereux ?

Eh bien, figurez-vous que cette question mérite toute votre attention !

L’amarante, cette plante que l’on retrouve partout en France, cache un double visage. D’un côté, elle nourrit des millions de personnes dans le monde. De l’autre, elle peut causer de sérieux problèmes à vos bovins, ovins ou caprins.

Vous voulez comprendre quand et pourquoi l’amarante devient dangereuse ? Alors, rentrons dans le vif du sujet !

L’amarante sous toutes ses formes : reconnaître l’ennemi

L’amarante n’est pas une plante unique, mais toute une famille. En France, vous croiserez principalement l’Amaranthus retroflexus, aussi appelée amarante réfléchie. Cette espèce particulièrement répandue mesure entre 20 centimètres et 2 mètres de hauteur selon les conditions de sol et de climat.

Reconnaître cette plante n’a rien de compliqué. Ses feuilles ovales, souvent marquées de nervures rougeâtres, poussent en alternance le long de tiges robustes. La période de floraison s’étend de juin à septembre, donnant naissance à des épis denses de petites fleurs verdâtres. Ces fleurs produisent ensuite d’énormes quantités de graines noires brillantes.

L’amarante pousse particulièrement bien dans les sols riches en azote. Vous la trouverez donc souvent dans les jardins bien fertilisés, les champs de maïs, les cultures de pommes de terre et même dans les tas de fumier. Cette préférence pour les terres riches explique en partie sa toxicité variable selon les lieux.

Parmi les autres espèces présentes sur notre territoire, on compte l’amarante queue-de-renard (Amaranthus caudatus) et l’amarante blanche (Amaranthus albus). Toutes ces variétés partagent les mêmes caractéristiques toxiques, avec des concentrations variables selon les conditions de croissance.

Les substances qui posent problème : oxalates et nitrates au rendez-vous

Ce qui rend l’amarante dangereuse, ce sont principalement deux types de composés : l’acide oxalique et les nitrates. Ces substances se concentrent différemment dans la plante selon la période et les conditions environnementales.

Les oxalates représentent entre 12 et 30 % de la matière sèche des feuilles d’amarante. Cette concentration impressionnante explique pourquoi la consommation répétée pose des problèmes aux ruminants. L’acide oxalique se lie au calcium dans l’organisme, provoquant une chute brutale du taux de calcium sanguin.

Les nitrates, quant à eux, atteignent des concentrations de 0,2 à 1,5 % de la matière sèche. Mais attention : ces chiffres peuvent exploser si la plante pousse sur un sol très riche en azote ou en période de stress hydrique. Certaines analyses ont révélé des taux de nitrates dépassant les 3 % dans des conditions particulières.

La période de floraison concentre le maximum de toxicité. C’est durant cette phase, qui s’étend de juin à septembre dans nos régions, que les tiges et les feuilles accumulent le plus d’oxalates et de nitrates. Le phénomène se maintient même après la dessiccation : l’amarante sèche reste aussi toxique que la plante fraîche.

Un point important : la toxicité dépend énormément du sol. Sur des terres pauvres en azote, l’amarante présente peu de risques. Mais sur des parcelles fertilisées ou près des bâtiments d’élevage, la même plante devient un véritable poison pour les animaux qui la consomment régulièrement.

Comment les animaux s’intoxiquent-ils ? Les pièges du quotidien

Les ruminants ne mangent généralement pas l’amarante par choix. Cette plante au goût désagréable est naturellement évitée par les bovins, ovins et caprins. Alors comment se produisent les intoxications ?

Le principal piège, ce sont les ensilages contaminés. L’amarante fauchée avec d’autres fourrages fini dans les silos, où elle se mélange aux aliments appétents. Les animaux consomment alors quotidiennement de petites quantités sans s’en rendre compte. Cette exposition répétée pendant plusieurs jours provoque l’accumulation des toxines dans l’organisme.

Les résidus de taille de haies constituent un autre danger méconnu. Beaucoup d’éleveurs laissent ces déchets verts à disposition de leurs animaux, pensant bien faire. Si de l’amarante s’y trouve mélangée, les conséquences peuvent être graves, surtout si les animaux n’ont pas d’autre source de nourriture.

La période de sécheresse multiplie les risques. Quand l’herbe se fait rare, les animaux se rabattent sur tout ce qu’ils trouvent, y compris l’amarante qu’ils évitent habituellement. C’est dans ces moments de disette que se produisent souvent les intoxications les plus sévères.

Les données du Centre National d’Informations Toxicologiques Vétérinaires révèlent que 78 % des cas concernent les bovins, 16 % les ovins et 6 % les caprins. Cette répartition s’explique par les différentes pratiques alimentaires : les bovins reçoivent plus souvent des mélanges fourragers susceptibles d’être contaminés.

Symptômes et évolution : quand l’amarante frappe

L’intoxication à l’amarante ne se manifeste pas immédiatement. Il faut généralement 4 à 10 jours de consommation avant que les premiers signes apparaissent chez les bovins. Cette période de latence complique souvent le diagnostic.

Les premiers symptômes touchent le système digestif. Les animaux perdent l’appétit, deviennent apathiques et développent une diarrhée qui peut rapidement devenir hémorragique. Cette diarrhée, souvent malodorante, constitue un signal d’alarme qu’il ne faut pas négliger.

Les troubles nerveux apparaissent ensuite, particulièrement chez les ovins. On observe des tremblements, une démarche chancelante (ataxie), puis une paralysie progressive qui commence par l’arrière-train. Ces signes neurologiques, plus marqués chez les moutons que chez les bovins, peuvent évoluer rapidement vers le coma.

Les problèmes urinaires complètent le tableau clinique. La production d’urine diminue fortement, voire s’arrête complètement (anurie). Cette insuffisance rénale aiguë résulte de l’action des oxalates sur les reins et constitue souvent la cause principale du décès.

Les statistiques du CNITV sont parlantes : le taux de morbidité atteint 22 % chez les bovins exposés, 8 % chez les ovins et 4 % chez les caprins. Mais attention aux chiffres de mortalité : une fois les symptômes déclarés, la létalité grimpe à 37 % chez les bovins et jusqu’à 79 % chez les ovins.

L’évolution peut être fulgurante. Sans traitement, certains animaux meurent en 2 à 6 jours après l’apparition des premiers signes. D’autres traînent plusieurs semaines avant de succomber aux complications rénales ou digestives.

Diagnostic et prise en charge : agir vite pour sauver l’animal

Diagnostiquer une intoxication à l’amarante demande de la méthode. L’examen du contenu ruminal peut révéler la présence de fragments de la plante, mais ce n’est pas toujours probant si l’amarante était mélangée à d’autres fourrages.

Les analyses sanguines montrent une chute brutale du calcium (hypocalcémie sévère) et souvent une augmentation des enzymes hépatiques. Ces paramètres, associés aux signes cliniques, orientent fortement le diagnostic.

Le traitement repose avant tout sur l’arrêt immédiat de l’exposition. Il faut retirer tous les fourrages suspects et changer complètement l’alimentation des animaux. Cette mesure, si elle intervient rapidement, peut suffire à éviter l’évolution fatale.

L’administration de gluconate de calcium par voie intraveineuse constitue le traitement d’urgence. Ce médicament corrige l’hypocalcémie et peut spectaculairement améliorer l’état des animaux les moins atteints. Les doses et la fréquence d’administration dépendent de la sévérité des symptômes.

La fluidothérapie soutient la fonction rénale et aide à éliminer les toxines. Les hépatoprotecteurs protègent le foie des dommages causés par l’intoxication. En cas de troubles nerveux marqués, l’injection de xylazine peut calmer l’animal et faciliter les soins.

Le pronostic dépend entièrement de la rapidité d’intervention. Plus le traitement commence tôt après l’arrêt de l’exposition, meilleures sont les chances de survie. Passé un certain seuil de dommages rénaux, même les meilleurs traitements ne peuvent plus rien.

Prévention en élevage : mieux vaut prévenir que guérir

La prévention reste le meilleur moyen de protéger vos animaux. Elle passe d’abord par le contrôle strict des fourrages que vous donnez à vos bêtes. Avant chaque distribution, inspectez visuellement le contenu pour détecter la présence d’amarante ou d’autres plantes suspectes.

L’ensilage mérite une attention particulière. Si vos parcelles de fauche contiennent de l’amarante, celle-ci se retrouvera dans le silo. La fermentation n’altère pas sa toxicité : un ensilage contaminé reste dangereux tout l’hiver. Dans ce cas, la dilution avec d’autres fourrages sains peut limiter les risques.

Gérez soigneusement les résidus de taille de haies et d’espaces verts. Ne laissez jamais ces déchets à portée des animaux sans vérification préalable. Si vous avez un doute sur leur composition, évacuez-les loin des zones de pâturage.

Sur vos parcelles, l’amarante peut devenir envahissante. Cette plante produit entre 10 000 et 450 000 graines par pied selon les conditions, avec une durée de vie des semences d’environ 10 ans dans le sol. La rotation des cultures et le travail mécanique du sol permettent de limiter sa prolifération.

En période de sécheresse ou de disette fourragère, redoublez de vigilance. C’est dans ces moments que les animaux consomment des plantes qu’ils évitent habituellement. Assurez-vous de disposer de stocks de secours ou de solutions de pacage alternatives.

La surveillance quotidienne de vos animaux reste indispensable. Tout changement de comportement, toute baisse d’appétit ou tout trouble digestif doit vous alerter, surtout si plusieurs bêtes du même lot sont touchées simultanément.

L’amarante en alimentation humaine : pas de panique mais des précautions

Paradoxalement, l’amarante est aussi une excellente plante alimentaire pour l’homme. Ses feuilles et ses graines nourrissent des millions de personnes dans le monde, particulièrement en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie.

Les jeunes feuilles d’amarante se consomment comme des épinards, de préférence cuites pour réduire leur teneur en acide oxalique. La cuisson élimine une grande partie des oxalates et rend la plante parfaitement comestible. Les feuilles crues restent consommables en petites quantités dans des salades.

Les graines constituent un aliment de base dans certaines régions. Riches en protéines de qualité, elles se cuisinent comme le quinoa ou se transforment en farine. Contrairement aux feuilles, les graines contiennent peu d’oxalates et ne posent pas de problème particulier.

Quelques précautions s’imposent tout de même. Évitez de récolter l’amarante sur des sols très riches en azote (près des bâtiments d’élevage, des tas de fumier) où les concentrations en nitrates peuvent être élevées. Privilégiez les jeunes pousses et les feuilles tendres, moins chargées en substances potentiellement problématiques.

La consommation quotidienne d’importantes quantités de feuilles crues n’est pas recommandée, surtout chez les personnes prédisposées aux calculs rénaux. Mais dans le cadre d’une alimentation variée et avec une préparation adaptée, l’amarante ne pose aucun problème de santé particulier.

Questions fréquemment posées

Est-ce que toutes les amarantes sont toxiques pour les animaux ?

Oui, toutes les espèces d’amarante contiennent des oxalates et des nitrates en quantités variables. L’Amaranthus retroflexus (amarante réfléchie) reste la plus problématique en France, mais les autres espèces comme l’amarante queue-de-renard peuvent aussi causer des intoxications chez les ruminants si elles sont consommées régulièrement.

À partir de quelle quantité l’amarante devient-elle dangereuse ?

La dose toxique approximative se situe autour de plusieurs kilogrammes par jour pendant 4 à 10 jours consécutifs. Mais cette quantité varie selon la concentration en oxalates de la plante, qui dépend elle-même du type de sol et de la période de récolte. Une consommation ponctuelle de petites quantités ne pose généralement pas de problème.

Comment reconnaître une intoxication à l’amarante chez mes animaux ?

Les premiers signes apparaissent après plusieurs jours de consommation : perte d’appétit, diarrhée (parfois hémorragique), apathie. Puis viennent les troubles nerveux (tremblements, démarche chancelante) et urinaires (diminution de la production d’urine). Ces symptômes nécessitent une intervention vétérinaire urgente.

L’amarante sèche est-elle moins dangereuse que la fraîche ?

Non, la dessiccation ne réduit pas la toxicité de l’amarante. Les oxalates et les nitrates restent présents dans la plante sèche en concentrations similaires. C’est pourquoi les foins et ensilages contaminés par l’amarante conservent leur potentiel toxique tout au long de leur stockage.

Peut-on manger l’amarante qui pousse naturellement dans nos jardins ?

Oui, mais avec des précautions. Consommez de préférence les jeunes feuilles cuites, évitez les plantes poussant sur des sols très riches en azote, et ne dépassez pas des quantités raisonnables. La cuisson élimine une grande partie des oxalates et rend l’amarante parfaitement comestible pour l’homme, contrairement aux animaux ruminants qui y sont beaucoup plus sensibles.

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